Veille du lancement de la coupe du monde de Quidditch. Sirius ne tenait plus en place, et pour cause : il avait passé une bonne partie de la fin de l’année à travailler en compagnie de Remus et James au « Trois Balais » afin de se payer son billet pour y assister. Dorénavant c’était chose faite et il n’attendait plus qu’une chose : que les premiers matchs commencent.
Curieux de voir où il était placé, Sirius avait décidé, en fin d’après midi, de se rendre à l’intérieur du stade. Il avait songé à y aller plus tôt dans la journée mais vu l’affolement général de la part des différents employés, avait préféré faire demi-tour.

Ainsi il devait être vers dix huit heures lorsque Sirius poussa une porte de derrière du stade. Il préférait se monter le plus discret possible afin de ne pas être renvoyé par un des gérants du personnel, on ne sait jamais. Montant de nombreux escaliers il finit par arriver au rang L. Sortant sa place de la poche de son pantalon il vérifia, il était situé au L96, bien il n’avait pas à se plaindre le vue y était très bonne.
Rangeant son précieux sésame, Sirius regarda une dernière fois les rangs puis retourna aux escaliers. Curieux de voir le stade dans son entier, il décida de monter jusqu’au toit. Il avait surpris plusieurs conversations de différentes personnes disant qu’il était possible d’y accéder. Sirius espérait pouvoir y aller par lui-même.

Combien de marches monta-t-il ? Impossible de savoir. Néanmoins, lorsqu’il fut arrivé en haut, Sirius entendit une porte claquer. Y avait-il quelqu’un prêt de lui ? Il n’avait vu personne, ça devait certainement être un coup de vent. Pourtant Sirius était persuadé que chacune des portes qu’il avait vu était close. Tant pis, son imagination lui jouait certainement des tours.
Arrivé en haut, Sirius fut surpris de voir que la quasi-totalité des toits était aménagée. On pouvait voir un bar à une extrémité, des fauteuils et tables plus loin, bref, cet espace était certainement aménagé à l’intention de l’élite des sorciers qui venait assister au match.
S’approchant d’une barrière qui donnait vu sur le stade, Sirius se pencha pour observer les pelouses. D’un vert presque irréel, il ferma les yeux. S’imaginant les gradins pleins, la foule criant à tout va, il se croyait déjà en plein match. Il voyait les joueurs voler sur leur balais tels des oiseaux. Oui, il était réellement parti dans un autre monde.

C’est alors qu’un bruit de porte se fit entendre, se retournant brusquement, Sirius vit une personne à qui il n’avait en aucun cas envie de parler : Elizabeth. Il y a quelque mois de cela, Black aurait été ravi de se retrouver en tête à tête avec la jeune femme, à l’heure actuelle il ne désirait qu’une chose : qu’elle s’en aille.
Toussotant, Sirius fit semblant de ne pas la voir et revint face aux barrières, tournant le dos à Elizabeth pour qu’elle comprenne le message, il espérait qu’elle ne s’approcherait pas de lui.

Il n’avait pas besoin de se tourner, pas besoin de la regarder, pas besoin de l’imaginer, elle était là, tout simplement. Sirius sentait la jeune fille à ses côtés, il n’avait absolument pas envie de lui parler et pourtant, au fond de lui, il ne pouvait s’empêcher d’être heureux qu’elle n’est pas fait demi-tour.
Restant silencieux, il lui laissa prendre la parole. A vrai dire il n’était pas très sûre si elle allait dire quoi que se soit, après tout les Serpentards n’étaient pas vraiment connus pour leur grand courage. Sirius avait d’ailleurs dû par moment se « battre » avec la conscience de la jeune fille pour qu’elle accepte de faire certaines chose sans qu’elle prenne ses jambes à son cou. Enfin, cela appartenait au passé dorénavant.
A sa grande surprise, Elizabeth finit par lui demander si, comme elle, il n’appréciait pas ce charmant paysage. Un petit rictus se dessina sur les lèvres du jeune homme. Voila déjà plusieurs mois qu’il la fuyait, il avait tout fait pour rester loin d’elle et, mine de rien, elle lui demandait ce qu’il pensait de la vue. Bien entendu Sirius avait envie de faire comme-ci de rien n’était, oublier cette situation plus que dérangeante et profiter de la joie de vivre d’Elizabeth à nouveau. Mais le Black ne pouvait pas, il était bien trop fier. Son amour propre avait été trahi et il ne pouvait supporter cela. Il lui suffit d’y penser pour ne plus regretter la situation actuelle avec la jeune fille.

Un petit silence s’installa.
Peu à peu, Sirius sentit le regard de la Rouge et Or sur lui. Il continua de regarder droit devant, en silence. Il ne voulait pas la regarder, il ne voulait pas faiblir face à elle.
Elizabeth finit par reprendre la parole, elle voulait pouvoir s’expliquer avec elle. Pourquoi faire ? Il ne voulait pas entendre ses excuses, peu importe ses raisons, elle lui avait menti, il ne pouvait supporter cela. La jolie Gryffonne stoppa son argumentation, elle ne pouvait trouver le mot pour décrire la situation actuelle de leur relation.

Le regard fixe, Sirius finit enfin par lui répondre :

« Parfaite.
Je crois que c’est le mot que tu cherchais. »

Il avait rarement parlé d’une voix si froide, à vrai dire, il ne s’était jamais montré si distant avec elle. Dire que cela ne lui fit rien est un mensonge. Le Black ressenti un profond pincement au cœur, il avait apprit à apprécier Elizabeth, c’était très difficile pour lui de s’adresser à elle d’une telle manière. Mais il devait se protéger, il le savait, c’était le seul moyen pour qu’elle arrête une bonne fois pour toute de le suivre.
Un nouveau silence s’installa. Il ne voulait pas penser à la réaction d’Elizabeth. Il désirait partir mais ses jambes refusaient d’obéir. Par Merlin, était-il donc condamné à lutter contre sa conscience ?

Après un long moment sans rien dire, Sirius finit par reprendre la parole :

« Je ne vois pas quelles explications tu pourrais m’apporter Elizabeth. La situation est très claire, Je me suis ouvert à toi, je t’ai parlé de ma famille, t’ai fais part de la tristesse que je ressentais par rapport à cette situation et toi… toi, tu n’as fais que me mentir. Je te faisais confiance, voila tout. »

Le Black finit enfin par tourner son regard vers elle

« Non, je crois que tu n’as pas besoin de me donner d’explications. »

Il commença alors à faire demi-tour.

Il sentit sa main saisir sa manche. Sirius ne put s’empêcher de lâcher un léger soupire. Il ne savait pas réellement ce qu’il ressentait, à la fois lassé et heureux qu’elle l’ait retenu, il était tout simplement perdu. Enfin, il se remercia intérieurement d’avoir mis une veste, il savait qu’il aurait faibli si jamais il avait ressenti le contact d’Elizabeth sur sa peau. Au moins, ce problème ne se présentait pas dans l’immédiat.
Observant l’expression du visage de la jeune fille, il se demandait réellement ce qu’elle ressentait. Mais après tout, pourquoi sans souciait-il ? Et pourtant il voyait qu’elle était triste, en colère mais également déterminée à se faire entendre. Pourquoi ne s’était-elle pas contentée de couper tous contacts avec lui et de continuer sa propre vie, comme elle le faisait il y a plusieurs années de cela ? A croire qu’elle était née pour lui torturer l’esprit.

La regardant dans les yeux, Sirius ne savait que faire. Il se contenta de l’écouter, en silence…
Elle semblait perdue, elle lui disait qu’il avait tort et la seconde d’après affirmait qu’il avait raison. Elizabeth continua de parler, affirmant que non elle ne lui avait pas menti sur tout, qu’elle avait été franche sur son enfance, ses rêves, ses parents. Sirius ressenti un nouveau pincement au cœur en se souvenant de ces après-midi passé avec elle, allongé dans l’herbe à l’écouter lui raconter sa situation familiale. Néanmoins il n’en montra rien. Ce n’était pas le moment de faiblir. Elle continua en lui avouant qu’elle avait peur de sa réaction s’il avait su la vérité. Le Black ne put cacher la surprise sur son visage, comment pouvait-elle être effrayée par une telle chose ? Certes il clamait haut et fort qu’il était libre et qu’il aimait ça mais jamais il ne se serait permis de faire quoi que se soit à Elizabeth simplement car elle n’avait pas eu la force de dire non à ses parents.
Après un nouveau silence, elle finit ses propos en disant que tout s’était déroulé comme elle l’avait craint.

Sirius se sentait perdu. Il ne savait plus quoi faire. Passant la main dans ses cheveux il regarda tout autour de lui, comme si la réponse était là, sous ses yeux. Comme si il allait savoir quoi faire en regardant le toit de ce fameux stade de Quidditch. Mais, bien entendu rien ne lui vint. Rien ne tomba du ciel, rien ne lui indiqua quoi faire.
Reportant son attention sur elle, il finit par répondre :

« Comment te croire ?
Cela fait plusieurs années que l’on se connait et jamais tu ne m’as fais mention de ton fiancé. Pas une seule fois tu ne m’as sous-entendu le moindre fait.
Voyons Elizabeth, c’est moi, Sirius, bien entendu je suis insupportable avec de nombreux élèves mais tu savais que jamais je ne te jugerai, jamais je ne te blesserai.
Et si toutes ces belles paroles que tu viens de me dire étaient, elle aussi, complètement fausses ? Comment puis je savoir ? »

Ses yeux plongés dans ceux de la Vert & Argent, il avait envie de lui pardonner.
Il désirait la croire, oublier toute cette histoire mais cela lui paraissait impossible. Tant de mois dans le silence n’était pas insignifiants, bien au contraire. Sirius s’était senti trahi, blessé, comme si, une fois encore il n’était que le sujet d’une grande farce. Tout cela lui avait rappelé les sombres années qu’il avait passé avec sa famille, la dernière chose qu’il avait envie de revivre.
Sirius finit par détourner le regard :

« Elizabeth, je suis désolé mais je ne peux pas.
Toi qui connais mon passé tu devrais savoir à quel point il m’est insupportable de me sentir trahi. Tu le savais et pourtant tu t’es contentée de faire comme si de rien n’était.
Non je ne peux pas Elizabeth, et même si tu étais prête à tout pour me retrouver -ce que je ne pense pas- je ne sais même pas si je pourrais te pardonner. »

Il regarda la main de la jeune fille sur sa manche, il avait envie de l’enlever mais il ne pouvait pas, c’était plus fort que lui…