« Allez, file Deev’, sinon, on va dire que je fous déjà le bordel ! »
Et Gabriël regarda la gamine partir en courant vers la grande salle où le dîner n’allait pas tarder à être servit. Puis, elle se détourna et monta dans la chambre qu’on lui avait allouée, et qu’apparemment, elle ne quitterait pas de l’année. Etirant les bras, elle se jeta sur le grand lit : les professeurs étaient bien installés dis donc ! Elle resta bien cinq minutes allongée, avant de remarquer un elfe de maison qui attendait à côté d’elle. Sursautant, elle se redressa, mais la petite créature ne voulait que savoir si elle devait vider les affaires de la maitresse. Se grattant l’arrière de la tête, gênée : elle n’avait pas l’habitude d’être servie. Elle lui dit juste de s’occuper des linges de maison, le reste, elle le ferait elle-même en revenant. Oui, car il lui fallait redescendre à la grande salle. Elle allait faire sensation, quand ses amis et ceux des années précédentes la reverraient ! Il fallait qu’elle écrive une lettre à ses parents pour leur annoncer la bonne nouvelle ! Et à Lydia aussi… Elle travaillait sur le chemin de traverse : elles pourraient donc se voir assez souvent, cette année allait être géniale !

Allant se passer de l’eau sur le visage, elle rattacha ses cheveux en queue de cheval –les cheveux de sa frange étaient encore trop courts, et ils retombèrent sur le côté de son visage. Secouant la tête, elle se demanda si ce n’était pas mieux tout coupé… Elle avait toujours aimé avoir les cheveux courts… Mais depuis que Lydia lui avait dit que ça lui irait bien un peu plus long… Elle avait décidé d’essayer. Bon aller, finie la glandouille ! Il était temps de se mettre en route ! Sifflotant un air de ska, elle prit sa baguette et sortit de la chambre. Bon, par contre, elle aurait choisit un autre tableau que celui là, se dit-elle en regardant la sombre forêt dont les branches bougeaient au grès du vent. Le personnage, une jeune femme en blanc qui normalement, se débattait avec les buissons d’épines, était partie se promener. Chantonnant l’air de la chanson qu’elle avait dans la tête, elle se remit en route.

La grande salle était bondée, certains élèves lisaient ou travaillaient tout en mangeant, discutaient entre amis. A la table des Gryffondors, sa sœur lui fit un petit geste de la main, avant de se retourner pour discuter avec ses amies. Elle se souvenait encore de son soulagement lorsque sa mère lui avait envoyé une lettre pour lui dire que Deevi, sa sœur de six ans sa cadette devait être elle aussi une sorcière, puisque toutes sortes d’évènements inexplicables se passaient autour d’elle. Et lorsqu’elle avait reçu sa lettre d’inscription pour Poudlard, elle en avait fait une fête. Bon, elle n’avait pas été envoyée à Serpentard, comme elle, mais Gryffondor avait aussi ses bons côtés, et cela collait bien à la petite blonde. Elle avait toujours été courageuse… voir même téméraire. Bon allez, maintenant, c’était à elle de jouer… Enfin, de réunir le peu de courage qu’elle avait… pour s’asseoir à la table des professeurs : juste récompense de son labeur. Bon, il ne fallait pas exagérer, ce n’était pas non plus une épreuve aussi complexe que cela, mais pour des raisons stupides, elle était encore un peu angoissée : que ferait-elle si un professeur se tournait vers elle pour lui dire de retourner à sa place parmi les élèves ? Ou n’importe quoi dans le genre ? Et si elle avait tout rêvé et qu’en réalité, elle n’était encore qu’en dernière année, et qu’elle allait se ridiculiser ? Mais non, elle n’eut besoin ni de sa verve, ni de se réveiller : elle s’installa à la table, à une place que son ancien professeur de Défense Contre Les Forces Du Mal lui indiqua d’un mouvement de tête.

Elle y était ! C’était tellement jouissif ! Regardant autour d’elle, Gab se mettait à chercher ses anciens camarades. Elle reconnu quelques dernières années, qu’elle avait connu, soit en tant que préfète, soit parce qu’elle les déjà vu dans sa propre maison. Peu de ses amis étaient encore là, la plupart ayant eu leur diplôme et cherchant du travail ou finissant-commençant leurs études. Elle vit sa petite sœur quitter la salle avec ses amies, et se dit qu’elle avait intérêt à ne pas devenir protectrice avec elle : sa petite Deevi ne supporterait jamais qu’elle l’enferme un tant soit peu. Il se passa un peu de temps durant lequel elle tentait de converser avec ses nouveaux « camarades ». Elle n’était pas timide, mais n’arrivait pas à se sortir de la tête que toutes ces personnes l’avaient connu alors qu’elle foutait le bordel en cours, qu’elle posait des bombes puantes dans l’école… Dur, dur, de se faire prendre au sérieux après cela.




Il y eut un grand bruit, et le reste est encore confus dans sa tête, quand elle y repense. Elle se souvient être sortie de la grande salle en courant, elle se souvient des cris, elle se souvient des hurlements et des gens qui couraient dans tous les sens, puis elle se souvient d’elle, qui serrait sa sœur contre elle, en pleurant, qui lui parlait, comme si elle avait encore à la rassurer, comme si elle ne faisait que dormir. Elle serrait le petit corps contre le sien, mais il n’affichait aucune peur… Elle avait toujours été courageuse. Elle savait qu’elle l’avait été, qu’elle n’avait tressaillit, et qu’elle avait regardé son assassin dans les yeux, elle le savait… Puis, elle s’était relevée, silencieusement, et avait suivit des élèves, serrant le petit corps, tenant Deevi dans ses bras. Elle ne se souvient pas où elle finit par la déposer, mais l’instant d’après, elle n’était plus dans ses bras, il ne lui restait que la baguette de la blonde qui fut sa sœur…

Sans un mot, elle suivit ses anciens camarades, ses souvenirs sont toujours flous, mais ils s’étaient retrouvés au ministère, et l’un d’entre eux avait actionné le mécanisme qui les amena à la rentrée de 1976…




Elle leva la tête et son regard se perdit dans le lointain… Qu’est-ce qu’elle faisait là déjà ? Sauver leur époque… Ils devaient tuer le seigneur des ténèbres, c’était ce qu’ils s’étaient dis. Soudain, elle réalisa. Que faisaient-ils ? Comment cela se faisait-il qu’ils se fassent passer pour des élèves ? Pourquoi ne se bougeaient-ils pas le cul ? Merde ! Tant de gens étaient morts, et eux, ils jouaient aux parfaits petits élèves de 1976 ! Et le pire, ils disaient le faire pour ne pas modifier le passé ! Mais s’ils étaient là, ce n’était pas pour le modifier justement ? Elle n’avait plus rien à perdre, elle le savait dorénavant, Gabriël baissa les yeux et serra les poings. C’était finit de pleurer sur son sort ! On leur avait donné la chance de tout recommencer, et elle la saisirait !